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ARTAN Les Arts dans le temps

SOUS LES FLEURS

THOMAS LEBRUN • Centre Chorégraphique National de Tours

DANSE

VENDREDI 5 AVRIL 2024

19H30 - Durée 1H15

THÉÂTRE NATIONAL DE LA DANSE    CHAILLOT

TOUT PUBLIC

 

Note d’intention

Il n’y a pas de terme précis pour définir la féminité d’un homme, malgré toutes ses nuances.
En France, en Europe, et dans une grande majorité du globe, l’homme féminin est difficilement accepté,
Souvent casé dans les minorités ou relégué dans les cas particuliers…
Certaines religions ne reconnaissent pas même leur présence, voire interdisent leur existence…
Et dans nos pays civilisés, tous les jours, des enfants sont rejetés par leurs familles, des jeunes gens sont agressés, défigurés jusqu’à en mourir, des hommes se cachent jusqu’à nier eux-mêmes leur existence, persécutés dès leur plus jeune âge par une virilité primaire et violente indélébile… pour cause de féminité émanante.

Dans différents coins du monde, il existe des endroits où l’homme féminin fait partie de l’Histoire, de la civilisation… où l’on élève parfois même ses enfants sans les genrer dès la naissance, mais en les regardant grandir…

Les Mahus, en Polynésie française mais aussi à Hawaï, ont été chassés par la colonisation et l’intégrisme religieux.
Chez certains peuples amérindiens, les deux esprits, qui définissent les hommes-femmes ou les femmes-hommes, étaient pourtant totalement tolérés et acceptés par leurs semblables.

Aussi, au sud du Mexique, dans la région de Oaxaca et plus précisément vers Juchitán, chez les Zapotèques existe ce que l’on peut appeler un troisième genre reconnu : les Muxes. (prononcé "Mouchés"). Elles ont et se donnent le droit de vivre pleinement leur féminité, de pratiquer des métiers traditionnellement réservés aux femmes (cuisine, broderie, coiffure…), mais elles ne peuvent se prêter à une vie conjugale exposée, ni avec un homme ni avec une femme, ni avec une autre Muxe. La plupart d’entre elles s’habillent quotidiennement en femme, et pour toutes occasions festives, elles portent des robes traditionnelles très colorées, à fleurs où à motifs géométriques tissés à la main, fleurissent leur chevelure, se bordent de bijoux imposants et de dentelles… la tenue traditionnelle zapotèque.

Comme le dit Felina Santiago Valdivieso, l’une des Muxes les plus reconnue, rencontrée à Juchitán: « je ne suis pas une femme, je ne suis pas un homme, je suis Muxe ».

Pour cette pièce, j’ai réuni quatre danseurs (Antoine Arbeit, Raphaël Cottin, Arthur Gautier et Sébastien Ly), un comédien-danseur-chanteur (Nicolas Martel) et un chercheur mexicain anthropologue en danses traditionnelles mexicaines (Raymundo Ruiz González) : tous ont en eux cette féminité intérieure plus ou moins perceptible.

J’imagine ce projet comme un documentaire chorégraphique oscillant entre réalisme et onirisme… entre un pays où les hommes peuvent se marier entre eux mais où leur féminité est majoritairement refusée, et une région du monde où la féminité de l’homme est intégrée dans la culture, visible et majoritairement acceptée, mais où l’idée du couple ne peut l’être…
Évoquer la féminité chez l’homme sans la noyer, comme c’est communément fait, dans un rapport à la sexualité.

Sous les fleurs,
Danse de femme ou danse d’homme,
Danse féminine dans un corps masculin,
Danse non genrée, tout en transformation continue,
État de danse, d’apparence ou de transparence…
Réalités contemporaines et traditionnelles de la place du corps et de ses pensées, de son esprit…
Rêver que les choses existent et évoluent, se souvenir qu’elles ont existé…

Sur les corps et au plateau, des couleurs discrètes d’ici et chatoyantes de là-bas.

Musicalement, certainement Le Spectre de la rose de Berlioz chanté par un homme et par une femme (dans le  ballet de Michel Fokine, le spectre de la rose est dansé par un homme…).
Des mélodies de La Bruja de Texcoco, chanteur mexicain actuel qui pourrait nous rappeler un certain Antony and the Johnsons (aujourd’hui Anhoni)…
Des musiques traditionnelles de la région d’Istmeña… des paroles de Felina, des ambiances festives de Juchitán où nous sommes allés rencontrer les Muxes en juin 2022.

Á suivre…
 

Thomas Lebrun - juin 2022

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