
Le refus désespéré de l’état du monde.
Tous les voisins sont en émoi : la belle Nelly Protagoras s’en va.
C’est que tout va pour le pire dans l’appartement des Protagoras, depuis qu’ils ont invité la famille Philisti Ralestine à s’y installer.
Ils tentent de s'approprier ces « territoires occupés » en fracassant la jeunesse qui y vit.
Aujourd’hui que c’est devenu invivable, la famille Protagoras voudrait bien que les Philisti Ralestine débarrassent le plancher.
Quant à Willy, le frère de Nelly, il s’est enfermé dans les toilettes et refuse d’en sortir tant que les envahisseurs seront dans l’appartement.
L’enfermement de Willy n’est pas l’acte d’un enfant gâté. C’est le geste, le premier, d’un homme, jeune encore, qui découvre la férocité du refus désespéré de l’état du monde.
Parce que le monde, le sien, est en train de s’écrouler, il a l’instinct du guerrier-poète, qui hurle à la tempête : “ Tu auras beau me tuer, me ravager, me déchirer, me noyer et me perdre, tu ne sauras pas ôter de mes yeux, mon regard, mon cœur et mon esprit, ma capacité mystérieuse et insensée de voir partout la beauté.” Que les autres veuillent le faire taire prouve l’acuité de son intuition.
