Ce qu’on appelle la vie commune idéale est mensonge ; la vie commune idéale n’existe pas ; nul n’a d’ailleurs le droit d’y prétendre.
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La Plâtrière
Vaste et exiguë, vide et encombrée, la Plâtrière est une demeure blanche comme une chambre stérile et noire comme la forêt environnante.
Un couple s’y est enfermé la transformant en maison fortifiée. Konrad rêve d’écrire un grand essai sur l’ouïe et n’y parvient pas. Sa femme, qu’il ne supporte plus, est infirme et le laisse seul face aux contingences matérielles.
Le roman de Thomas Bernhard qu’adapte à la scène Séverine Chavrier nous plonge dans l’intimité de ce couple où règnent repli sur soi, ressassement, maltraitance, paranoïa, rêve effrité et espoir vain d’une œuvre idéale à créer.
À travers le théâtre, la vidéo et la musique, nourrie des souvenirs des films Persona d’Ingmar Bergman et Shining de Stanley Kubrick, la metteuse en scène explore cette tension entre une foi inébranlable dans l’art comme raison de vivre et la tentation de l’absolu comme dangereuse stérilité. Mais d’une inanité peut survenir un endroit inattendu, une richesse plus grande que ce à quoi l’on pouvait aspirer au départ.